Le pouvoir des histoires – 1ère partie

 

Pourquoi le théâtre d’entreprise est-il bien plus qu’un divertissement ? Parce qu’entre autres bienfaits, les saynètes racontent des histoires, qui ont un fort impact sur les croyances, la mémoire, les comportements… Voici le début d’une série d’articles sur le « pouvoir des histoires », où nous croiserons les points de vue (comme dans la création de nos saynètes), des psychologues, sociologues, anthropologues, conteurs, scénaristes, romanciers et autres spécialistes des neurosciences… Mais pour débuter cette fabuleuse aventure du « pouvoir des histoires », commençons par donner la parole à… l’historien. 

Dans « SAPIENS, une brève histoire de l’humanité » (1), Yuval Noah HARARI, Docteur en Histoire diplômé d’Oxford, brosse une vue d’ensemble de l’évolution de notre espèce, de l’Âge de pierre à nos jours. Selon lui, si notre espèce s’est hissée au statut d’espèce «dominante», c’est avant tout qu’elle a su coopérer efficacement avec un très grand nombre de ses semblables, là où les autres animaux limitent en général leur coopération à quelques dizaines d’individus.

Plus que la domestication du feu, le pouce préhenseur ou la faculté de créer des outils (partagée par de nombreuses espèces), c’est la capacité de coopération à grande échelle, qui a permis l’incroyable développement de notre espèce. Elle est aussi sans doute à l’origine de la disparition d’Homo Neanderthalensis. Ne vivant qu’en petits groupes familiaux, celui-ci n’aurait pas pu résister à la concurrence de cette nouvelle espèce humaine, capable d’agir en bandes de plus de cinquante individus. Or la coopération de groupe a été rendue possible par la faculté d’Homo Sapiens de croire en des choses qui n’existent que dans son imagination : en bref par l’apparition de la fiction, qui marque une véritable révolution cognitive.

En effet, tous les animaux possèdent une sorte de langage, et même pour certains des langages vocaux. Mais celui de notre espèce est particulier : il nous permet de transmettre des informations sur notre environnement, mais aussi d’imaginer des choses et de les construire collectivement et avec souplesse. Les fourmis ou les abeilles coopèrent en grand nombre, mais de façon plus ou moins « rigide ». Les loups travaillent de manière plus souple, mais ils ne le font qu’avec les individus qu’ils connaissent. Sapiens, lui, peut coopérer avec d’innombrables individus, grâce à une incroyable flexibilité, qui lui permet de modifier son système social, politique, économique… Pourquoi ? Parce qu’il est capable de tisser des mythes communs, qui assurent une stabilité au groupe.

En somme, selon l’auteur, tous les systèmes de coopération humaine à grande échelle (les religions, les structures politiques, la monnaie, les réseaux de travail ou les institutions légales) sont en définitive des fictions, des réalités « intersubjectives ». Nous coopérons efficacement avec nos semblables, même sans aucun lien de parenté, parce que nous croyons ensemble à des notions telles que les dieux, les nations, l’argent, les sociétés anonymes ou les droits de l’homme… Essayez donc de persuader un chimpanzé de vous donner une banane en lui promettant qu’après sa mort, il disposera d’une infinité de bananes au paradis des chimpanzés, ou qu’on lui rendra avec un taux d’emprunt intéressant. Seul l’Homo Sapiens est capable de croire à ce genre d’histoires. Voilà pourquoi nous serions « les maîtres du monde »… enfin c’est ce qu’on se raconte.

(1) Livre paru en français chez Albin Michel en 2015

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