Comment sensibiliser à la rse et au développement durable de façon éthique et efficace?

Comment sensibiliser en matière de RSE, qu’il s’agisse de développement durable, de diversité ou d’égalité professionnelle ? Si l’on considère que la responsabilité ne se décrète pas, mais qu’elle se suscite, alors l’intention n’est pas seulement d’informer, mais avant tout d’accompagner au changement (de croyances, de postures et de comportement). Quelles sont les conditions à réunir pour une intervention à la fois éthique et efficace ?

 

Sur le plan éthique, tout d’abord, l’inscription volontaire des personnes à la « sensibilisation » est une option intéressante. Si l’on n’est plus dans une démarche d’information mais bien de transformation, alors, comme dans une activité de coaching, l’adhésion de la personne à la démarche est indispensable. Je me suis longtemps demandé si le volontariat n’aboutissait pas à « prêcher à des convaincu.e.s », en excluant de fait celles et ceux qui en auraient peut-être le plus besoin. Sauf qu’il ne s’agit pas justement de prêcher la bonne parole, mais d’aider les personnes qui sont prêtes et volontaires à dépasser l’ambivalence, et à renforcer un sentiment de pouvoir agir individuel et collectif. Or c’est ce noyau de personnes motivées et agissantes qui aura ensuite un effet d’entrainement sur les autres. Car à l’instar de la courbe de diffusion de l’innovation du sociologue Everett Rogers, le changement se fait souvent par contagion successive, avec des pionniers, des premiers adoptants, une majorité précoce, avant d’atteindre la majorité tardive et les réfractaires. Maintenant rien n’empêche de proposer une sensibilisation ludique, vivante, voire humoristique pour attirer un nombre important de personnes…

 

Sur le plan de l’efficacité maintenant : il suffit rarement d’exposer à quelqu’un les raisons et les moyens de changer son comportement pour que soit dépassée l’inertie attachée au statu quo. Cela engendre parfois une cruelle déception chez certains consultants, qui constatent à quel point leurs précieux conseils ne sont pas suivis d’effets… car pas suivis du tout. Il peut donc être utile de rappeler qu’un changement durable de comportement nécessite en général deux conditions, plus subtiles qu’elles n’en ont l’air : avoir envie de changer d’une part, et s’en sentir capable d’autre part.

 

Pour ce qui est du désir de changer, les bénéfices attendus du changement doivent l’emporter sur ceux du statu quo (et/ou les inconvénients de ce dernier dépasser ceux imaginés en cas de changement). Or pour sortir de cette ambivalence, l’être humain a besoin de développer son propre discours en faveur du changement. Ainsi pour accompagner une personne ou un collectif, on pourra d’abord chercher à explorer les sources intrinsèques de motivation (plutôt que d’exhorter au changement), puis à étayer et tisser (plutôt que de persuader et d’argumenter). La posture est radicalement différente, et la question que se pose alors l’accompagnant n’est pas « pourquoi cette personne n’est pas motivée ? », mais « pourquoi pourrait-elle être motivée ? ». Et pas besoin d’aller chercher la réponse dans de savants modèles : seule la personne concernée la détient. Quand l’importance du changement est perçue de façon suffisamment forte par cette dernière, elle se posera alors naturellement la question des moyens.

 

Pour ce qui est de se sentir capable de changer, il est essentiel de croire qu’il existe (au moins) une solution, et que l’on peut soi-même la mettre en œuvre. L’intention de l’accompagnant pourra alors être de renforcer le sentiment d’initiative et d’efficacité personnelle. C’est le développement du Pouvoir Agir, inspiré du concept anglo-saxon d’empowerment. Ainsi, pour aider les personnes qui le souhaitent à développer l’envie et le pouvoir de changer, le théâtre et les pratiques narratives peuvent apporter une puissante contribution.

 

Prenons l’exemple de la sensibilisation aux « éco-gestes ». Dans un premier temps, le spectacle visera surtout à faire se questionner le public sur leurs motivations et leurs valeurs, plutôt que d’être un plaidoyer en faveur des éco-gestes. Si les personnages peuvent illustrer différents comportements, le spectacle se gardera de prendre clairement parti, de culpabiliser, ou de faire donneur de leçons.

 

Et l’échange qui suivra continuera sur cette ligne de crête, pour éviter les « oui, mais… », qui ont tendance à surgir quand les intervenants adoptent une posture de sachant. Car prendre une « posture haute » renvoie souvent les participants à leurs « manques » (de compétence, de motivation, d’altruisme ou d’intérêt pour la planète…), avec le risque d’amener certains à se fermer ou à se justifier, et ancrer ainsi leur position. On pourra au contraire inviter le public à réagir en s’exprimant sur les personnages et les situations évoquées théâtralement, avec des questions comme « Quelles sont les répliques en particulier qui vous ont marqué ou interpelé ? », « Quel est le personnage qui vous a le plus touché ? »…

 

Puis, toujours dans une approche narrative, on pourra renforcer le pouvoir d’agir en faveur du développement durable, en valorisant ce que font déjà les participants dans ce domaine et en s’appuyant sur leurs succès. Il s’agit de leur proposer un espace pour raconter différemment leur rapport aux éco-gestes, à l’aide d’un questionnement qui va mettre en lumière les histoires qui parlent d’initiatives, de valeurs et de sens. Les participants sont invités à identifier les ressources qui leur ont permis d’agir et de réussir, ainsi que les valeurs qui les sous-tendent.

 

Par ailleurs, ces histoires d’éco-gestes permettent de renforcer le sentiment d’un pouvoir collectif. Car un des principaux freins à leur développement est justement le sentiment d’impuissance face aux enjeux et aux défis immenses du développement durable. L’approche narrative contribue à le dépasser, en aidant les participants à se sentir en relation avec d’autres personnes, dont les histoires et les valeurs rejoignent les leurs.

 

Et si face à l’urgence climatique et l’ampleur des changements à réaliser, cette stratégie des petits pas vous semble très insuffisante, sachez que la puissance narrative peut aussi largement contribuer à un changement de paradigme. Mais ça, c’est une autre histoire…

 

 

 

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